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Douleurs

by Vipère

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1.
Aspic 05:52
Hautes herbes sèches en perspective Le blé craque sous les invectives Les rayons cosmiques chauffent Cette botte de paille où je me love Mon long corps se gaufre Je mue dans cette alcôve Aspic j'allonge mes boucles En rampant dans la fange A la recherche d'une croûte Que plus personne ne dérange Vipère je suis née Dans ces chemins je suis damnée Objet de peur et de malheur Aux infortunés j'arracherais le coeur Je me détends, me fends D'un sourire vampire Il devient impossible de fuir Tandis que je perce le cuir
2.
Panique 00:47
Que m'arrive t'il, quelle est cette ire ? Cette brûlure dans mon coup c'est le rictus d'un satyre Je galope dans les rochers tel un chevreuil blessé Écrasé par le surplomb, le château, le bûcher Mes vieux pieds s'écorchent sur le granit âpre Dans l'air je perçois ce relent de poussière acre Ces chenilles en processions sont passées avant moi Laissant leurs empreintes en foulant le magma Il se trame une symphonie tordue au pied de mon fief J'en prend conscience, tout m'apparaît en relief Trop tard je suis le brochet tourmenté dans la nasse Je vais me laisser porter au gré des menaces
3.
Le dandy traine sa crasse dans les rues désertées Les colombages vermoulus le menacent de cogner Hagard, il se traine, étourdis par le venin distillé Ce spectre traverse son moyen âge effarouché Il ne trouve pas son chemin dans cette bourgade Ne croise plus ni chien, ni âme, ni garde A la recherche d'un mire pour le soigner Il entend son sang battre contre ses tempes Il sent l'odeur acre de ses cheveux sales et bouclés A la façon de l'animal à l'origine des crampes Le dandy ne prie plus, désormais il rampe L'issue se précise dans cette fiévreuse estampe Dans le vermeille suintant de son nez vers les pavés Il glisse dans son délire et fini par s'étouffer
4.
Je me paralyse lentement, profondément La panique s'insinue dans chacune de mes peines Chaque stimuli me renverse brutalement Qu'il est loin mon antre recouvert d'ébène Je suis nu devant ses insistants ermites Légiférant sur le sens à donner à mes écrits Textes sacrés ou vulgaires proses manuscrites Ils jugeront seuls de ma valeur pour la fratrie Un mistral chargé d'obsidienne voile l'avenir Les psaumes de ce malandrin me font frémir Il se frotte contre mes tempes rongées d'acide Le prieuré ne me protège plus des vents arides Les stries rugueuses du bois soulèvent ma peau Mes ongles raclent cette ardoise maléfique Je cherche une flamme à souffler sous mes os Sous l'intime substance de ce malaise tantrique
5.
Mon ultime brûlot, mes dernières volutes d'encre Du fond de mon tremens je pompe ce fond de beurre rance Les dernières missives couchées, je m'érige, je me recentre Chancelant je m'élance comme un javelot dans cette forêt immense Je suis accueilli par cette haine d'honneur de platanes noueux Il est tard pour se repentir, avouer mes derniers vœux pieux Une épitaphe en guise de bienvenue pour le miteux Un seau d'humeurs amères comme cadeau d'adieu Livide, ma vision est un entonnoir au fond duquel disparaît la lumière La décomposition s'amorce alors que je me retourne une dernière fois De longs morceaux de chairs ondulants me suivent, fières vipères Mon enveloppe se dissout maintenant en fumée noire et effroi Elle s'élève, se meut lentement pour former un nouvel os Ce crâne d'éther vicieux, blafard, hurlant, rejoint ses frères maudits D'en haut la vision de mon lieu dit ressemble à des haricots qu'on écosse Une armée de rampants répendant son sérum même aux repentis
6.
Cette caverne moite aux dimensions obscènes m'absorbe De larges piliers vomissent leur effroi à la lueur des orbes Je suis un cafard au milieu d'une cathédrale de douleur Insignifiante fiente que les dévots aveugles piétinent avec ardeur Je suis écrasé par l'atmosphère de soufre iridescent Nos toges hermétiques pèsent des tonnes dans ses nombres infinis Par mimétisme réflexe je m'avance dans ces dédales de sable mouvants Où même les condamnés à mort n'ont pas à supporter ces inepties Qui a décidé qu'une poignée d'ouailles paierait sans fin ce venin maudit ? Il s'agit de nos souvenirs pervertis, distordus, défoncés dans ce monde inverti Les hautes instances démoniaques inventent un enfer plus dur que leur image Nous enfermant pulvérisés pour affronter des icônes sans âges La douleur me fait jouir de frayeur Mes furoncles giclent pour le meilleur Et pour le pire il reste mon cœur Lyophilisé, vermoulu, sans couleur Comment ne pas se resigner face à l'impuissance et les doutes Les archanges ont déserté pour salir de nouvelles routes Nous livrant au diable comme un cageot de pommes véreuses Adieu va, je renonce à cette douce forme d'amphore laiteuse
7.
Cheval 04:59
Il l'aimait son cheval de galère Sa bête de compagnie sa raison mère Aux labours ils partageaient les galères De la herse se tordant dans la terre Mais voilà, sécheresse assassines et verglas Mildiou, grêle de l'enfer et autres tracas Même les crosnes s'en sont sentis las Rien à bêcher, rien à gober, pas un bout de gras L'équidé a dû manger la paille du matelas Le maître ronger son frein, sucer les pelures La rigueur du fermier face au trépas Au milieu de l'hiver à soigner ses engelures Le temps agricole est venu sous le saule L'estomac creux la tête dans sa geôle La colère au ventre, la carabine à l'épaule Résigné il arme face à l'œil de l'animal La détente, le bruit sec du crâne qui décolle La bête s'effondre sous les larmes terminales Ce soir il mangera de la viande tendre Sous les regrets de n'avoir pu se pendre La chair dans sa bouche a goût de cendre Celles des incinérations, des jours méandres Il l'aimait son cheval de galère Sa bête de compagnie sa raison mère
8.

about

After a first demo produced in 2021, Vipère delivers its debut album "Douleurs". Eight tracks of tortured french black metal, with a lot of influences, from black metal 90's classics, french underground scene, old school punk and folk. The CD comes with a 20 pages booklet, with some illustrations made by the band. These drawings inspired the lyrics, who tell us a strange story about death, snakes and madness.

credits

released June 1, 2022

Saros : Voix, Guitares, Flûte, Synthé, Textes
Sans-Visage : Guitares, Basse, Oracle des frappes
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Lord Benor Gucharque : Master
Malphas : Typographie livret

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